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que la broderie, les fleurs artificielles, la dentelle et les ouvrages d’aiguille. On lui conseilla de vendre le tout, afin de se mettre un peu plus à l’aise, et on l’assura qu’il n’aurait pas de peine à s’en défaire, attendu que les Espagnols faisaient grand cas du travail des nonnes. Après avoir reçu ces dons avec des témoignages de respect et de reconnaissance, il fit observer que, n’ayant point de corbeille, il ne savait comment les emporter. Plusieurs des nonnes se hâtaient d’aller en chercher une, lorsqu’elles furent arrêtées par le retour d’une femme âgée, que Théodore n’avait point encore remarquée. Sa douce physionomie et son air vénérable prévenaient sur-le-champ en sa faveur.

« Ah ! » dit la portière, « voici la mère Sainte-Ursule avec une corbeille. »

La nonne s’approcha de la grille, et présenta la corbeille à Théodore : elle était de saule, doublée de satin bleu, et sur les quatre faces étaient peintes des scènes tirées de la légende de sainte Geneviève.

« Voici mon cadeau, » dit-elle, en le lui mettant dans la main : « bon jeune homme, ne le dédaignez pas. Quoique la valeur en semble insignifiante, il a mainte vertu cachée. »

Elle accompagna ces paroles d’un regard expressif, qui ne fut pas perdu pour Théodore. En recevant ce présent, il s’approcha de la grille autant que possible.

« Agnès ! » murmura-t-elle d’une voix à peine intelligible.

Théodore, néanmoins, en saisit le son. Il conclut que la corbeille contenait quelque mystère, et son cœur battit d’impatience et de joie. En ce moment, la supérieure revint. Son air était sombre et mécontent, et elle paraissait plus sévère que jamais.