Page:Lewis - Le Moine, Tome 2, trad Wailly, 1840.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’apercevra de la perte de son honneur, mais sans savoir qui le lui a ravi, Soyez donc heureux, mon Ambrosio, et que ce service vous prouve le désintéressement et la pureté de mon amitié. La nuit doit être près d’expirer : retournons au couvent, de peur que notre absence n’excite la surprise. »

Le prieur reçut le talisman avec une reconnaissance muette. Ses idées étaient trop troublées par les aventures de la nuit, pour lui permettre d’exprimer hautement ses remercîments, ou même de sentir encore toute la valeur de ce présent. Mathilde ramassa la lampe et le panier, et conduisit son compagnon hors du mystérieux souterrain. Elle remit la lampe à son ancienne place, et continua sa route dans l’obscurité jusqu’à ce qu’elle atteignît le pied de l’escalier. — Les premiers rayons du soleil levant qui y pénétraient les aidèrent à le monter ; Mathilde et le prieur se hâtèrent de sortir du sépulcre, ils en refermèrent la porte, et regagnèrent bientôt le cloître occidental du monastère ; personne ne les rencontra, et ils se retirèrent, sans avoir été vus, à leur cellule respective.

La confusion de l’esprit d’Ambrosio commença à s’apaiser. Il se réjouit de l’heureuse issue de son aventure, et, songeant à la vertu du myrte, il considéra Antonia comme déjà en son pouvoir ; l’imagination lui retraçait les appas secrets que lui avait dévoilés le miroir enchanté, et il attendit avec impatience l’arrivée de la nuit.