Page:Lewis - Le Moine, Tome 2, trad Wailly, 1840.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Je ne veux pas. Laisse-moi ! va-t’en ! »

Aussitôt on entendit le tonnerre gronder horriblement : de nouveau la terre trembla avec violence ; le cachot retentit de cris perçants, et le démon s’enfuit en proférant des blasphèmes et des imprécations.

D’abord, le moine se réjouit d’avoir résisté aux artifices du séducteur et d’avoir triomphé de l’ennemi du genre humain ; mais quand l’heure du supplice approcha, son premier effroi se réveilla dans son cœur ; leur interruption momentanée semblait leur avoir donné une force nouvelle : plus le temps avançait, plus il redoutait de paraître devant le trône de Dieu ; il frémissait de penser qu’il était si près de tomber dans l’éternité — si près de se présenter aux yeux de son Créateur, qu’il avait si gravement offensé. L’horloge annonça minuit. C’était le signal pour être mené au bûcher. Le premier coup qu’il entendit arrêta son sang dans ses veines ; il lui sembla que la mort et la torture murmuraient dans chacun des coups suivants. Il s’attendit à voir les archers entrer dans la prison et quand l’horloge cessa de sonner, il saisit le volume magique dans un accès de désespoir : il l’ouvrit, chercha à la hâte la septième page, et comme s’il craignait de se laisser le temps de penser, il parcourut rapidement les lignes fatales. Accompagné des terreurs précédentes, Lucifer reparut devant le moine tremblant.

« Tu m’a appelé, » dit le démon ; « es-tu résolu à être sage ? veux-tu accepter mes conditions ? tu les connais déjà. Renonce à tes droits au salut, cède-moi ton âme, et je t’emporte à l’instant de ce cachot. Il est encore temps : décide-toi, ou il sera trop tard. Veux-tu signer ce parchemin ? »

« Il le faut — le destin m’y force — j’accepte vos conditions. »