Page:Lewis - Le Moine, Tome 2, trad Wailly, 1840.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours qui précédèrent celui qui était marqué pour son jugement.

Ce jour arriva. À neuf heures du matin, la porte de sa prison s’ouvrit, et son geôlier entrant, lui commanda de venir ; il obéit en tremblant. Il fut conduit dans une vaste salle, tendue de drap noir. À une table étaient assis trois hommes à l’air grave et sévère, vêtus de noir aussi. Un d’eux était le grand-inquisiteur, que l’importance de la cause avait déterminé à l’instruire lui-même. À une table plus basse, et à une petite distance, était assis le secrétaire, ayant devant lui tout ce qui était nécessaire pour écrire. Ambrosio fut invité à avancer et à prendre place à l’autre bout de la table ; en jetant un coup d’œil à terre, il aperçut divers outils de fer épars sur le plancher. La forme lui en était inconnue, mais sa frayeur lui suggéra aussitôt que c’étaient des instruments de torture. Il pâlit et eut peine à s’empêcher de tomber.

Il régnait un profond silence, excepté quand les inquisiteurs se parlaient mystérieusement à voix basse. Près d’une heure se passa, dont chaque seconde rendait les craintes d’Ambrosio plus poignantes. Enfin, une petite porte en face de celle par où il était entré grinça pesamment sur ses gonds ; un officier parut, et fut immédiatement suivi de la belle Mathilde. Elle avait les cheveux en désordre sur la figure : ses joues étaient pâles, et ses yeux creux et enfoncés. Elle jeta sur Ambrosio un regard triste : il y répondit par un coup d’œil d’aversion et de reproche. On la fit placer en face de lui. Une cloche sonna trois fois : c’était le signal de l’ouverture de l’audience ; et les inquisiteurs entrèrent en fonctions.

Dans ces procès, on n’énonce ni l’accusation ni le nom de l’accusateur ; on demande seulement aux prisonniers s’ils veulent avouer. Lorsqu’ils répondent que, n’ayant