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distingués, et Jacinthe bénit l’heure où sa maison avait été ensorcelée.

De son côté, Agnès ne manqua pas de récompenser ses amies de couvent. La digne mère Sainte-Ursule, à qui elle devait la liberté, fut nommée, à sa demande, surintendante des dames de charité : c’était une des meilleures et des plus opulentes sociétés de l’Espagne. Berthe et Cornélie, ne voulant pas quitter leur amie, furent appelées aux principaux emplois du même établissement. Quant aux nonnes qui avaient aidé l’abbesse à persécuter Agnès — Camille, retenue au lit par la maladie, avait péri dans les flammes qui avaient consumé le couvent de Sainte-Claire ; Marianne, Alix et Violante, ainsi que deux autres, étaient tombées victimes de la rage populaire ; les trois autres qui, dans le conseil, avaient appuyé la sentence de la supérieure, furent sévèrement réprimandées, et exilées dans des maisons religieuses de provinces obscures et éloignées : elles y languirent quelques années, honteuses de leur faiblesse, et évitées de leurs compagnes avec aversion et mépris.

La fidélité de Flora ne resta pas non plus sans récompense. Consultée sur ses désirs, elle dit être impatiente de revoir son pays natal ; en conséquence, on lui procura les moyens de s’embarquer pour Cuba, où elle arriva en sûreté, comblée des présents de Raymond et de Lorenzo.

Les dettes de la reconnaissance acquittées, Agnès fut libre de poursuivre l’exécution de son plan favori. Logés dans la même maison, Lorenzo et Virginie étaient perpétuellement ensemble ; plus il la voyait, plus il était convaincu de son mérite. De son côté, elle se mettait en frais pour plaire, et il lui était impossible de ne pas réussir. Lorenzo contemplait avec admiration sa beauté, ses manières élégantes, ses innombrables talents, et son hu-