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voir ; sans les conséquences de cet instant d’oubli, j’aurais tenu ma résolution. Le sort en a décidé autrement, et je ne puis que me réjouir de son décret : pourtant ma conduite a été bien blâmable : et tout en essayant de me justifier, je rougis de me rappeler mon imprudence. Laissez-moi quitter ce sujet pénible en vous assurant, Raymond, que vous n’aurez pas lieu de vous repentir de notre union, et que plus les erreurs de votre maîtresse ont été coupables, plus la conduite de votre femme sera exemplaire. »

Ici Agnès cessa de parler, et le marquis lui répondit en termes également sincères et affectionnés. Lorenzo exprima sa satisfaction de se voir à la veille d’une si étroite alliance avec un homme pour qui il avait toujours eu la plus haute estime. La bulle du pape avait pleinement relevé Agnès de ses engagements religieux ; le mariage fut donc célébré aussitôt que les apprêts nécessaires eurent été terminés : car le marquis désirait que la cérémonie eût lieu avec tout l’éclat et toute la publicité possibles. La noce faite, et après avoir reçu les compliments de Madrid, la mariée partit avec don Raymond pour leur château en Andalousie. Lorenzo les accompagna, ainsi que la marquise de Villa-Franca et son aimable fille. Il n’est pas besoin de dire que Théodore fut de la partie, et il serait impossible de décrire la joie qu’il eut du mariage de son maître. Le marquis, avant son départ, pour réparer un peu ses négligences précédentes, avait fait prendre des informations au sujet d’Elvire. Apprenant que sa fille et elle avaient reçu plusieurs services de Léonella et de Jacinthe, il témoigna de son respect pour la mémoire de su belle-sœur en leur faisant à toutes deux de beaux présents ; Lorenzo suivit son exemple. Léonella fut extrêmement flattée des attentions de seigneurs si