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taient à l’héroïne, les rendait désireux de l’entendre de nouveau. Toute la société se joignant donc à Lorenzo, Agnès obéit. Elle raconta d’abord la découverte qui avait eu lieu dans la chapelle du couvent, le ressentiment de la supérieure, et la scène nocturne dont Sainte-Ursule avait été secrètement témoin. Quoique la nonne eût déjà décrit ce dernier événement, Agnès le raconta plus en détail. Après quoi elle continua son récit de la manière suivante.

Fin de l’histoire d’Agnès de Médina.

« Ma mort supposée fut précédée de la plus affreuse agonie. Ces moments, que je croyais être mes derniers, étaient rendus plus amers par les assurances de l’abbesse que je ne pouvais échapper à la damnation ; et quand mes yeux se fermèrent, j’entendis sa rage s’exhaler en imprécations contre ma faute. L’horreur de cette situation, d’un lit de mort dont l’espérance était bannie, d’un sommeil dont je ne devais m’éveiller que pour me trouver la proie des flammes et des furies, était plus redoutable que je ne puis le décrire. Quand je revins à la vie, mon âme était encore sous l’impression de ces terribles idées, je regardais avec crainte alentour, m’attendant à voir les ministres de la vengeance divine. Pendant la première heure, mes sens furent si troublés et mon cerveau dans un tel vertige, que je m’efforçai en vain de mettre de l’ordre dans les étranges images qui flottaient confuses devant moi ; si j’essayais de me lever de terre, l’égarement de ma tête m’abusait — tout semblait chanceler autour de moi, et je retombais sur le sol. Faibles et éblouis, mes yeux étaient incapables de regarder de plus près un rayon de lumière qui tremblait au-dessus d’eux ; je fus obligée de les refermer, et de rester immobile dans la même posture.

« Une grande heure s’écoula avant que je fusse en état