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rempli d’archers ; Lorenzo de Médina et plusieurs officiers de l’inquisition parcourent les caveaux et occupent chaque passage ; vous serez arrêté dans votre fuite ; on vous demandera quels motifs vous avez d’être si tard dans le souterrain ; on trouvera Antonia, et vous êtes à jamais perdu ! »

« Lorenzo de Médina ? des officiers de l’inquisition ? que viennent-ils faire ? est-ce moi qu’ils cherchent ? suis-je donc suspecté ? Oh ! parlez, Mathilde ! répondez-moi par pitié ! »

« Ils ne pensent pas encore à vous, mais je crains qu’ils n’y pensent avant peu. Votre seule chance de leur échapper réside dans la difficulté d’explorer ce caveau ; la porte est artistement dissimulée ; il est possible qu’ils ne la voient pas et que nous puissions rester cachés jusqu’à ce que les perquisitions soient finies. »

« Mais Antonia — si les inquisiteurs approchent et qu’on entende ses cris » —

« Voici le moyen d’éviter ce danger ! » interrompit Mathilde.

En même temps elle tira un poignard, et s’élança sur sa proie.

« Arrêtez ! arrêtez ! » cria Ambrosio, lui saisissant la main, et lui arrachant l’arme déjà levée. « Que voulez-vous faire, cruelle ? l’infortunée n’a déjà que trop souffert, grâce à vos pernicieux conseils ! Plût à Dieu que je ne les eusse jamais suivis ! plût à Dieu que je n’eusse jamais vu votre visage ! »

Mathilde jeta sur lui un regard de mépris.

« C’est absurde ! » s’écria-t-elle d’un air de colère et de dignité qui imposa au prieur. « Après lui avoir dérobé tout ce qui la lui rendait chère, pouvez-vous craindre de la priver d’une vie si misérable ? Mais c’est bien ! qu’elle