engagement, ou que son extrême simplicité et son ignorance de la ruse ne permissent à quelqu’un plus adroit de surprendre son secret. — Quelque fondées que fussent ces craintes, la compassion et un désir sincère de réparer sa faute autant que possible le sollicitèrent d’accéder aux prières de la suppliante. La difficulté de colorer le retour imprévu d’Antonia à la vie, après sa mort supposée et son enterrement public, était le seul point qui le tînt irrésolu. Il pesait dans son esprit les moyens d’écarter cet obstacle, lorsqu’il entendit des pas précipités. La porte du caveau s’ouvrit, et Mathilde accourut, évidemment pleine de trouble et d’effroi.
En voyant entrer un étranger, Antonia poussa un cri de joie : mais l’espoir d’être secourue par lui fut bientôt dissipé. Le novice supposé n’exprima pas la moindre surprise de trouver une femme seule avec le prieur, dans un lieu si étrange et à une heure si avancée, et s’adressa à lui sans perdre un moment.
« Que faut-il faire, Ambrosio ? nous sommes perdus si on ne trouve pas un moyen de repousser l’émeute. Ambrosio, le couvent de Sainte-Claire est en feu ; l’abbesse est tombée victime de la fureur de la populace ; déjà le monastère est menacé d’un destin semblable. Alarmés des cris du peuple, les moines vous cherchent de tout côté ; ils s’imaginent que votre autorité seule suffira pour calmer ce désordre ; personne ne sait ce que vous êtes devenu, et votre absence excite partout l’étonnement et le désespoir. J’ai profité de la confusion, et j’accours vous avertir du danger. »
« Le remède est facile, » répondit le prieur ; « je retourne à ma cellule ; une raison quelconque expliquera mon absence. »
« Impossible ! » repartir Mathilde ; « le souterrain est