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son genou, et la regardant d’un œil luxurieux, il lui répondit :

« Remettez-vous, Antonia. La résistance est inutile, et je ne veux pas vous déguiser plus longtemps ma passion. On vous croit morte : le monde est à jamais perdu pour vous, seul je vous possède ici ; vous êtes entièrement en mon pouvoir : les désirs qui me brûlent, il faut que je les satisfasse, ou que je meure. Mais je voudrais ne devoir mon bonheur qu’à vous, ma charmante fille ! mon adorable Antonia ! Laissez-moi vous enseigner les jouissances que vous ignorez encore, vous apprendre à sentir dans mes bras les plaisirs que je vais goûter dans les vôtres. Non, cette lutte est puérile, » s’écria-t-il, en la voyant repousser ses caresses et tâcher d’échapper à son étreinte ; « vous n’avez aucun secours à espérer ; ni le ciel ni la terre ne peuvent vous soustraire à mes embrassements : d’ailleurs, pourquoi rejeter des plaisirs si doux, si enivrants ? Personne ne nous voit ; notre commerce sera un secret pour le monde entier : l’amour et l’occasion nous invitent à lâcher le frein à nos passions ; cédez-leur, mon Antonia ! cédez-leur, ma charmante fille ! entourez-moi ainsi de vos bras caressants ; unissez ainsi vos lèvres aux miennes ! De tous ses dons, la nature vous a-t-elle refusé le plus précieux, le sentiment de la volupté ? oh ! c’est impossible ! chacun de vos traits, de vos regards, de vos mouvements annonce que vous êtes formée pour donner et recevoir le bonheur. Ne tournez pas sur moi ces yeux suppliants : consultez vos charmes, ils vous diront que je suis à l’épreuve des prières. Puis-je abandonner ces membres si blancs, si doux, si délicats ! ces seins qui se soulèvent, si ronds, si pleins, si élastiques ! ces lèvres imprégnées d’une suavité inépuisable ! puis-je abandonner ces trésors, et les laisser ravir