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que la superstition ait emprisonnée sous ces voûtes. »

Le duc applaudit à son intention. Don Ramirez offrit de l’assister dans cette perquisition, et sa proposition fut acceptée avec reconnaissance. Les nonnes ayant fait leurs remercîments à Lorenzo, se confièrent aux soins de son oncle, qui les emmena hors des caveaux. Virginie demanda que l’inconnue lui fût donnée en garde, et promit de faire savoir à Lorenzo quand elle serait suffisamment rétablie pour recevoir sa visite. À vrai dire, elle fit cette promesse plutôt pour elle-même que pour Lorenzo ou la captive : elle n’avait pas vu sa courtoisie, sa douceur, son intrépidité sans une vive émotion ; elle désirait ardemment de conserver des relations avec lui ; et aux sentiments de pitié que lui inspirait la prisonnière, s’ajoutait l’espoir que les soins qu’elle prenait de cette infortunée la relèveraient d’un cran dans l’estime de son sauveur. Elle n’avait pas lieu de se mettre en peine à ce sujet : la bonté dont elle avait fait preuve et le tendre intérêt qu’elle avait montré à la malade lui avaient conquis une place éminente dans les bonnes grâces de Lorenzo. Tandis qu’elle s’empressait de soulager les maux de la captive, cette occupation même l’ornait de nouveaux charmes, et rendait sa beauté mille fois plus intéressante. Lorenzo la contemplait avec admiration et bonheur : il la considérait comme un ange descendu du ciel au secours de l’innocence affligée, et son cœur n’aurait pu résister à tant d’attraits, s’il n’avait pas été retenu par le souvenir d’Antonia.

Le duc mena les nonnes saines et sauves chacune chez ses parents. La prisonnière délivrée était toujours privée de l’usage de ses sens, et ne donnait d’autres signes de vie que quelques gémissements. On la portait sur une espèce de litière. Virginie, qui était constamment auprès, crai-