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chaient à la hâte et dont le nombre paraissait être considérable. Les nonnes en furent extrêmement alarmées : elles supposèrent que leur retraite avait été découverte et que les assaillants venaient les poursuivre. Aussitôt, quittant la prisonnière qui restait insensible, elles se pressèrent autour de Lorenzo et réclamèrent la protection qu’il leur avait promise. Virginie seule oubliait son propre danger dans ses efforts à soulager les maux d’autrui : elle soutenait la tête de la malade sur ses genoux, lui baignant les tempes avec de l’eau de rose, lui réchauffant les mains, et lui arrosant le visage de pleurs arrachés par la compassion. Les étrangers s’étant approchés, Lorenzo fut en état de dissiper la crainte des suppliantes. Son nom, prononcé par un grand nombre de voix, entre lesquelles il reconnut celle du duc, retentit le long des caveaux, et le convainquit qu’il était l’objet de leurs recherches. Il donna cette nouvelle aux nonnes, qui la reçurent avec transport. Peu d’instants après, cette idée fut confirmée. Don Ramirez, aussi bien que le duc, parurent suivis de gens portant des torches : ils l’avaient cherché dans les caveaux pour lui apprendre que la foule était dispersée et l’émeute entièrement finie. Lorenzo raconta brièvement son aventure dans le souterrain, et expliqua combien l’inconnue avait besoin des secours de la médecine. Il pria le duc de se charger d’elle, ainsi que des nonnes et des pensionnaires.

« Quant à moi, » dit-il, « d’autres soins demandent mon attention. Tandis qu’avec la moitié des archers vous conduirez ces dames à leurs demeures respectives, je désire que vous me laissiez l’autre. Je veux examiner ce souterrain et visiter les recoins les plus secrets du sépulcre. Je n’aurai de repos que lorsque je serai certain que la malheureuse victime que voici est la seule