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Lorenzo fut surpris de cette dernière exclamation, il crut avoir déjà entendu des accents pareils à ceux de cette voix creuse ; mais où ? il ne pouvait se le rappeler. Il vit que, dans une situation si dangereuse, les secours immédiats de la médecine étaient absolument nécessaires, et il se hâta de l’emporter du cachot. Il en fut d’abord empêché par une forte chaîne attachée autour de la prisonnière, et scellée au mur voisin. Cependant, sa vigueur naturelle s’aidant d’un désir ardent de soulager l’infortunée, il eut bientôt forcé l’anneau qui retenait un des bouts de la chaîne ; et, prenant la captive dans ses bras, il se dirigea vers l’escalier. Les rayons de la lampe d’en haut, aussi bien que le murmure des voix de femmes, guidaient ses pas : il atteignit les marches, et peu d’instants après il arriva à la grille de fer.

Pendant son absence, les nonnes avaient été cruellement tourmentées par la curiosité et la crainte : elles furent également surprises et ravies de le voir subitement sortir du souterrain. Tous les cœurs se remplirent de compassion pour la malheureuse qu’il portait dans ses bras. Tandis que les nonnes, et Virginie particulièrement, s’efforçaient de la faire revenir, Lorenzo raconta en peu de mots la manière dont il l’avait trouvée ; puis, il leur fit observer que dans l’intervalle le désordre avait dû être réprimé, et qu’il pouvait maintenant les conduire sans danger chez leurs parents. Toutes étaient impatientes de quitter les caveaux ; mais, pour prévenir toute possibilité d’outrages, elles supplièrent Lorenzo d’aller d’abord seul en avant, et d’examiner s’il n’y avait plus de danger. Il y consentit. Hélène offrit de le mener à l’escalier, et ils étaient sur le point de partir, lorsqu’une vive lumière jaillit de plusieurs points sur les murs environnants. En même temps on entendit les pas de gens qui s’appro-