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en avant : il le fit, mais lentement, craignant de s’éloigner de l’objet de ses recherches au lieu d’en approcher. Les gémissements annonçaient une personne souffrante ou du moins affligée, et il espérait pouvoir la soulager. Enfin des sons plaintifs et peu éloignés se firent entendre : joyeux, il tourna ses pas de leur côté ; à mesure qu’il avançait, ils devinrent plus distincts, et bientôt il revit la lueur que lui avait cachée jusqu’alors l’angle d’un mur peu élevé.

Elle venait d’une petite lampe posée sur un tas de pierres, et dont les rayons languissants et lugubres servaient plutôt à montrer qu’à dissiper les horreurs d’un cachot étroit et sombre, construit dans une partie du souterrain : elle faisait voir aussi plusieurs autres enfoncements semblables, mais dont la profondeur se perdait dans l’obscurité. La lumière jouait froidement sur les murailles humides dont la surface moisie la reflétait à peine ; une brume épaisse et malsaine enveloppait d’un nuage la voûte du cachot. En avançant, Lorenzo sentit un froid perçant circuler dans ses veines ; mais les plaintes fréquentes l’engagèrent à poursuivre. Il se tourna de leur côté, et à la faible lueur de la lampe, il vit dans un coin de ce séjour odieux une créature étendue sur un lit de paille, et si misérable, si amaigrie, si pâle, qu’il ne sut si c’était une femme. Elle était à moitié nue ; ses longs cheveux épars tombaient en désordre sur sa figure et la cachaient presque entièrement ; un bras décharné pendait négligemment sur une couverture en lambeaux qui entourait ses membres convulsés et grelottants ; l’autre était replié autour d’un petit paquet qu’elle serrait contre son sein ; un grand rosaire était près d’elle ; en face, un crucifix sur lequel elle tenait fixés ses yeux creux, et à son côté, un panier et une petite cruche de terre.