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ment plus distinct ; les nonnes firent le signe de la croix, et s’empressèrent de réciter leurs prières contre les mauvais esprits. Lorenzo écouta attentivement ; il alla jusqu’à croire distinguer une voix qui parlait en se plaignant, mais l’éloignement en rendait les sons confus. Le bruit semblait venir du milieu du petit caveau où il était avec les nonnes et auquel une multitude de passages qui y venaient aboutir de tout côté donnaient la forme d’une étoile. La curiosité de Lorenzo, toujours éveillée, le rendait impatient d’éclaircir ce mystère. Il demanda qu’on gardât le silence ; les nonnes obéirent : tout se tut jusqu’à ce que le calme général fût de nouveau troublé par le même gémissement qui se renouvela plusieurs fois de suite. Lorenzo, qui suivait la direction du son, remarqua qu’il était plus distinct auprès de la châsse de sainte Claire.

« Le bruit part d’ici, » dit-il : « quelle est cette statue ? »

Hélène, à qui s’adressait cette question, resta un moment sans répondre. Tout à coup elle joignit les mains.

« Oui ! cria-t-elle, « cela doit être. Je sais d’où viennent ces gémissements. »

Les nonnes l’entourèrent et la conjurèrent de s’expliquer. Elle répliqua gravement que de temps immémorial la statue avait la réputation d’opérer des miracles. Elle en inféra que la sainte était affligéc de l’incendie du couvent qu’elle protégeait, et qu’elle exprimait sa douleur par des lamentations distinctes. N’ayant pas la même foi dans les miracles de la sainte, Lorenzo ne trouva pas la solution du problème aussi satisfaisante qu’elle parut aux nonnes, qui l’acceptèrent sans balancer. Sur un point, il est vrai, il était d’accord avec Hélène ; il soupçonnait que les gémissements sortaient de la statue : plus il écoutait, plus il se confirmait dans cette idée. Il s’en approcha dans