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quoique jusqu’à présent ces caveaux m’aient été une retraite — »

Comme elle parlait, son œil, en se levant, rencontra Lorenzo, qui n’avait pas cessé d’avancer doucement.

« Les assassins ! » cria-t-elle,

Elle s’élança du piédestal de la statue où elle était assise, et essaya de s’échapper. Ses compagnes, au même instant, jetèrent un cri d’effroi. Lorenzo avait saisi le bras de la fugitive ; épouvantée, au désespoir, elle tomba à genoux devant lui.

« Épargnez-moi ! » s’écria-t-elle ; « pour l’amour du Christ, épargnez-moi ! je suis innocente, en vérité, je le suis ! »

Sa voix était presque étouffée par la frayeur. Les rayons de la lampe donnant en plein sur son visage qui était sans voile, Lorenzo reconnut la belle Virginie de Villa-Franca. Il s’empressa de la relever et de la rassurer. Il lui promit de la protéger contre les assaillants, lui protesta qu’on ignorait où elle était cachée, et qu’il la défendrait jusqu’à la dernière goutte de son sang. Pendant cette conversation, les nonnes avaient pris différentes attitudes : l’une était à genoux et invoquait le ciel ; l’autre se cachait la figure dans le sein de sa voisine : plusieurs, immobiles de crainte, écoutaient l’assassin supposé ; tandis que d’autres embrassaient la statue de sainte Claire, et imploraient sa protection avec des cris frénétiques. Quand elles s’aperçurent de leur méprise, elles entourèrent Lorenzo, et lui prodiguèrent les bénédictions par douzaines. Il apprit qu’en entendant les menaces du peuple, et épouvantées des cruautés que, du haut des tours du couvent, elles avaient vu exercer contre la supérieure, plusieurs des pensionnaires et des nonnes s’étaient réfugiées dans les caveaux. Au nombre des premières était