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le loquet, et passa dans le cimetière attenant. Les gardes le suivirent pêle-mêle. Lorenzo, qui se trouvait le dernier, allait aussi quitter la colonnade, lorsqu’il vit la porte des caveaux s’ouvrir doucement. Quelqu’un regarda en dehors, mais en apercevant des étrangers, poussa un cri perçant, recula et descendit précipitamment l’escalier de marbre.

« Que veut dire cela ? » s’écria Lorenzo. « Il y a là-dessous quelque mystère. Suivez-moi sans délai ! »

À ces mots, il s’élança dans le caveau, et poursuivit la personne qui continuait de fuir devant lui. Le duc ne savait pas la cause de cette exclamation ; mais lui supposant de bonnes raisons, il le suivit sans hésiter ; les autres firent de même, et toute la troupe arriva bientôt au bas des degrés. La porte d’en haut étant restée ouverte, les flammes voisines jetaient assez de lumière pour permettre à Lorenzo d’entrevoir la personne qui courait par les longs passages et sous les voûtes éloignées ; mais à un détour tout à coup ce secours lui manqua ; il resta plongé dans les ténèbres, et ne put distinguer l’objet de leur poursuite qu’au faible son de ses pas fugitifs. Ils furent donc forcés d’avancer avec précaution ; autant qu’ils pouvaient juger, le fugitif aussi paraissait avoir ralenti sa course, car ils entendaient ses pas se suivre à de plus longs intervalles. À la fin, ils s’égarèrent dans ce labyrinthe de galeries et se dispersèrent dans diverses directions. Emporté par l’ardeur d’éclaircir ce mystère, et poussé par un mouvement secret et inexplicable, Lorenzo ne remarqua cette circonstance que lorsqu’il se trouva dans un isolement complet. Le bruit des pas avait cessé, tout était silencieux, et il n’avait aucun fil pour se guider vers la personne qui fuyait ; il s’arrêta pour réfléchir sur le moyen le plus propre à faciliter sa poursuite ;