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bientôt ébranlés par l’élément dévorant ; les colonnes cédèrent, le toit tomba sur les mutins et en écrasa plusieurs sous ses débris. On n’entendait que des cris et des gémissements. Le couvent était enveloppé de flammes, et le tout présentait une scène de dévastation et d’horreur.

Lorenzo était désolé d’avoir été la cause, quoique innocente, de cet effrayant désordre : il entreprit de réparer sa faute en protégeant les malheureuses habitantes du couvent. Il pénétra avec les assaillants, et s’efforça de réprimer leur fureur victorieuse, jusqu’à ce que le progrès soudain et alarmant des flammes l’obligeât à songer à sa propre sûreté. Le peuple se précipita dehors avec autant de violence qu’il en avait mis à entrer ; mais ses flots s’engorgeant aux issues, et le feu gagnant rapidement, beaucoup périrent avant d’avoir le temps de s’échapper. La bonne fortune de Lorenzo le conduisit à une petite porte, dans une galerie retirée de la chapelle. Le verrou en avait été retiré ; il l’ouvrit, et se trouva au pied des caveaux de Sainte-Claire.

Il s’arrêta pour respirer. Le duc et quelques hommes de sa suite l’avaient accompagné, et se trouvaient ainsi en sûreté pour le présent. Ils tinrent conseil sur ce qu’ils avaient à faire pour s’échapper de cette confusion ; mais leur délibération fut fréquemment interrompue par la vue des masses de feu qui sortaient des murs épais du couvent, par le bruit des voûtes pesantes qui tombaient en débris, ou par les cris confondus des nonnes et des assaillants, ou étouffés dans la foule, ou périssant dans les flammes, ou écrasés sous le poids du bâtiment qui s’écroulait.

Lorenzo demanda où le guichet conduisait : on répondit au jardin des capucins, et il fut résolu qu’on chercherait une issue de ce côté. Le duc, en conséquence, leva