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blaient occupés à dire leurs chapelets. À ceux-ci succéda une jeune et charmante fille, qui représentait sainte Lucie : elle tenait un bassin d’or, dans lequel étaient deux yeux ; les siens étaient couverts d’un bandeau de velours, et elle était conduite par une autre nonne dans le costume d’un ange. Elle était suivie de sainte Catherine, une palme dans une main et une épée flamboyante dans l’autre : celle-ci était vêtue de blanc, et son front était orné d’un diadème étincelant. Après elle parut sainte Geneviève, entourée de quantité de diablotins qui, prenant des attitudes grotesques, la tirant par sa robe, et jouant autour d’elle avec des gestes bouffons, tâchaient de distraire son attention du livre où ses yeux étaient constamment fixés ; ces joyeux démons amusaient fort les spectateurs, qui témoignaient leur plaisir par de fréquents éclats de rire. L’abbesse avait eu soin de choisir une nonne dont l’humeur fût naturellement sérieuse et grave : elle eut lieu d’être satisfaite de son choix : les singeries des diablotins ne produisaient pas le moindre effet, et sainte Geneviève s’avançait sans déranger un seul des muscles de sa face.

Chacune de ces saintes était séparée de l’autre par une troupe de chanteuses, célébrant ses louanges dans leurs hymnes, mais la déclarant bien inférieure à sainte Claire, patronne spéciale du couvent. Après elles, parut une longue file de nonnes, portant, comme les chanteuses, chacune un cierge allumé ; puis vinrent les reliques de sainte Claire, enfermées dans des vases également précieux par la matière et par le travail ; mais elles n’attirèrent pas l’attention de Lorenzo : la nonne qui portait le cœur l’occupa entièrement. D’après la description de Théodore, il ne douta point que ce ne fût la mère Sainte-Ursule : elle avait l’air de regarder autour