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de la chapelle. Lorenzo sentit son cœur battre bien fort quand il se vit au moment d’exécuter son plan. Vu la superstition naturelle du peuple, il s’était préparé à quelque résistance ; mais il comptait que la mère Sainte-Ursule donnerait de bonnes raisons pour le justifier : il avait avec lui assez de forces pour repousser le premier assaut de la populace, et avoir le temps de faire entendre ses explications ; sa seule crainte était que la supérieure, soupçonnant son projet, n’eût découragé la nonne, de la déposition de qui tout dépendait. Si la mère Sainte-Ursule n’était pas présente, il ne pouvait accuser l’abbesse que sur un simple soupçon ; et cette réflexion lui donnait quelque appréhension sur le succès de son entreprise. La tranquillité qui paraissait régner dans le couvent le rassura un peu : mais il attendait avec anxiété le moment où la présence de son alliée allait le délivrer de son incertitude.

Le couvent des capucins n’était séparé de celui de Sainte-Claire que par le jardin et le cimetière. Les moines avaient été invités à assister au pèlerinage. Ils arrivèrent, marchant deux à deux, des torches allumées à la main, et chantant des hymnes en l’honneur de sainte Claire. Le père Pablos était à leur tête, le prieur s’étant excusé d’y aller. Le peuple fit place au saint cortège, et les moines se mirent en rang de chaque côté de l’entrée. Peu de minutes suffirent pour disposer la procession en ordre : après quoi les portes du couvent s’ouvrirent, et de nouveau le chœur des femmes retentit à pleine voix.

D’abord parut une troupe de chantres ; dès qu’ils eurent passé, les moines se mirent en marche deux par deux, et suivirent à pas lents et mesurés ; puis vinrent les novices : ils ne portaient point de cierges, comme les profès ; mais ils s’avançaient les yeux baissés, et sem-