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main, après matines, vous pouvez m’attendre chez vous : je verrai alors ce que je puis faire ; et si cela est en mon pouvoir, je vous délivrerai de ces visites importunes. Retournez donc à votre maison, et que la paix soit avec vous ! »

« Ma maison ! » s’écria Jacinthe ; « retourner à ma maison ! non, sur ma foi ! — Si ce n’est sous votre protection, je n’y remettrai pas le pied ; Dieu me soit en aide ! le revenant n’a qu’à me rencontrer sur l’escalier, et m’emporter avec lui chez le diable ! Oh ! que n’ai-je accepté l’offre du jeune Melchior Basco ! j’aurais quelqu’un pour me défendre ; mais je suis une pauvre femme toute seule, et je ne trouve sur ma route que traverses et malheurs. Dieu merci, il n’est pas encore trop tard pour me repentir ; il y a Simon Gonzalez qui me prendra, quel que soit le jour de la semaine, et si je vis jusqu’au point du jour, je l’épouserai sur-le-champ : j’aurai un mari, c’est décidé ; car, maintenant que ce revenant est dans ma maison, je mourrais de frayeur de coucher seule. Mais, pour l’amour de Dieu, révérend père ! venez tout de suite avec moi : tant que la maison ne sera pas purifiée, je n’aurai pas de repos, ni la pauvre jeune demoiselle non plus. La chère fille ! elle est dans un piteux état : je l’ai laissée dans de violentes convulsions, et je doute qu’elle revienne aisément de son effroi. »

Le prieur tressaillit, et se hâta de l’interrompre.

« Des convulsions, dites-vous ? Antonia a des convulsions ! Conduisez-moi, bonne femme, je vous suis à l’instant même. »

Jacinthe insista pour qu’il ne partît pas sans s’être muni d’un vase d’eau bénite ; il y consentit. Se croyant en sûreté sous cette protection, quand elle serait attaquée par une légion de revenants, la vieille fit au moine une