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était leur logement. Là une foule assemblée devant leur porte ne leur permit pas d’en approcher ; et, se plaçant de l’autre côté de la rue, elles tâchèrent de savoir ce qui occasionnait cette affluence. Au bout de quelques minutes, la foule se forma d’elle-même en cercle, et Antonia aperçut au milieu une femme d’une taille extraordinaire qui tournait, tournait sur elle-même, en faisant toute sorte de gestes extravagants. Son costume se composait de morceaux de soie et de toile de diverses couleurs, arrangés d’une manière fantastique, mais qui n’était pas entièrement dénuée de goût. Sa tête était couverte d’une espèce de turban, orné de feuilles de vigne et de fleurs des champs. Elle avait l’air d’être toute brûlée par le soleil, et son teint était olivâtre ; son regard était farouche et étrange ; et dans sa main elle portait une longue baguette noire, avec laquelle, par intervalles, elle traçait sur la terre quantité de figures singulières, autour desquelles elle dansait dans toutes les attitudes bizarres de la folie et du délire. Tout à coup elle interrompit sa danse, tourna trois fois sur elle-même avec rapidité, et après une pause d’un moment, elle chanta la ballade suivante :

CHANSON DE LA BOHÉMIENNE.

Venez, donnez-moi la main ! mon art surpasse tout ce que jamais mortel a connu : venez, jeunes filles, venez ! mes miroirs magiques peuvent vous montrer les traits de votre futur mari.

Car c’est moi qu’est donné le pouvoir d’ouvrir le livre du destin, de lire les arrêts du ciel et de plonger dans l’avenir.

Je guide le char d’argent de la lune pâle ; je retiens les vents dans des liens magiques ; j’endors par mes charmes le dragon rouge, qui aime à veiller sur l’or enfoui.