Chaque instant augmentait l’étonnement de Lorenzo. Raymond s’avança vers lui ; mais avec un regard méfiant, Lorenzo retira sa main, que l’autre s’apprêtait à prendre.
« Vous, en ces lieux, marquis ? Que veut dire tout ceci ? Vous, engagé dans une correspondance clandestine avec ma sœur, dont l’affection — »
« M’a toujours été et m’est encore acquise. Mais l’endroit n’est pas convenable pour une explication. Accompagnez-moi à mon hôtel, et vous saurez tout. Qui est avec vous ? »
« Quelqu’un que vous avez déjà vu, je pense, » repartit don Christoval ; « mais non à l’église vraisemblablement. »
« Le comte d’Ossorio ? »
« Précisément, marquis. »
« Je n’ai aucune objection à vous confier mon secret, car je suis sûr que je puis compter sur votre silence. »
« Alors vous avez de moi meilleure opinion que je n’en ai moi-même, et je vous demande la permission d’éviter cette confidence. Allez de votre côté, et j’irai du mien. Marquis, où vous trouve-t-on ? »
« Comme de coutume, à l’hôtel de Las Cisternas ; mais rappelez-vous que je suis incognito, et que, si vous désirez de me voir, vous devez demander Alphonse d’Alvarada. »
« Bon ! bon ! Adieu, cavaliers ! » dit don Christoval, et il partit à l’instant même.
« Vous, marquis ! » dit Lorenzo avec l’accent de la surprise : « vous, Alphonse d’Alvarada ! »
« Moi-même, Lorenzo ; mais à moins que vous n’ayez déjà su mon histoire par votre sœur, j’ai à vous raconter bien des choses qui vous étonneront. Suivez-moi donc à mon hôtel sans délai. »