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l’intérieur de sa sainte maison, et témoigna son étonnenement que Lorenzo pût avoir une telle pensée. Elle lui dit que sa demande ne pouvait lui être accordée, mais que, s’il revenait le jour suivant, elle espérait que sa bien-aimée sœur serait suffisamment rétablie pour venir à la grille du parloir. Sur cette réponse, Lorcnzo fut obligé de se retirer, mécontent et tremblant pour la sûreté de sa sœur.

Il revint de très bonne heure le lendemain. « Agnès était plus mal ; le médecin avait déclaré qu’elle était en danger : il lui était recommandé de rester tranquille, et il était tout à fait impossible qu’elle reçût la visite de son frère. » Lorenzo éclata à cette réponse ; mais que faire ? Il s’emporta, il supplia, il menaça ; il essaya de tous les moyens pour obtenir de voir Agnès. Ses efforts furent aussi infructueux que ceux du jour précédent, et il retourna désespéré vers le marquis. De son côté, ce dernier n’avait rien épargné pour découvrir ce qui avait fait manquer leur complot. Don Christoval, à qui l’affaire fut confiée, entreprit de tirer les vers du nez de la vieille portière de Sainte-Claire, avec qui il avait fait connaissance ; mais elle était trop bien sur ses gardes, et il n’apprit rien d’elle. Le marquis était comme égaré, et l’inquiétude de Lorenzo n’était guère moindre. Tous deux étaient convaincus que l’évasion projetée devait avoir été découverte ; ils ne doutaient pas que la maladie d’Agnès ne fût une feinte, mais ils ne savaient par quels moyens la tirer des mains de l’abbesse.

Lorenzo ne manquait pas de se rendre chaque jour au couvent, et chaque jour il apprenait que la santé de sa sœur empirait plutôt qu’elle ne s’améliorait. Ne croyant pas à l’indisposition, ces rapports ne l’alarmaient point ; mais l’ignorance où il était du sort d’Agnès et des mo-