Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étaient si pressantes que je ne pus rejeter son offre ; et m’appuyant sur son bras, peu de minutes m’amenèrent devant un magnifique hôtel.

« Quand nous entrâmes dans la maison, un vieux domestique à tête grise vint à la rencontre de mon guide : il s’informa quand le duc son maître avait l’intention de quitter la campagne, et il lui fut répondu que le duc y resterait encore quelques mois. Mon libérateur ordonna qu’on fît venir sans délai le chirurgien de sa famille ; on obéit à ses ordres. Je fus placé sur un sofa dans un somptueux appartement, et mes blessures ayant été examinées, furent déclarées fort légères. Néanmoins le chirurgien me recommanda de ne pas m’exposer à l’air de la nuit ; et l’étranger me pressa tellement de prendre un lit dans sa maison que je consentis à rester où j’étais.

« Laissé seul avec mon sauveur, je saisis cette occasion de le remercier en termes plus formels que je n’avais fait jusqu’alors : mais il me pria de ne pas parler de cela.

« Je m’estime heureux, » dit-il, « d’avoir été à même de vous rendre ce petit service, et j’aurai une obligation éternelle à ma fille de m’avoir retenu si longtemps au couvent de Sainte-Claire. J’ai toujours eu une haute estime pour le marquis de Las Cisternas, quoique les circonstances ne nous aient pas permis de nous lier autant que je l’aurais désiré, et je me réjouis de trouver une occasion de faire connaissance avec son fils. Je suis certain que mon frère, chez qui vous êtes, sera désolé de ne s’être pas trouvé à Madrid pour vous recevoir lui-même ; mais, en l’absence du duc, je suis le maître de la maison, et je puis vous assurer, en son nom, que tout ce que contient l’hôtel de Médina est parfaitement à votre disposition. »

« Figurez-vous ma surprise, Lorenzo, quand je dé-