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est ma seule ressource contre les horreurs d’un couvent, et l’excuse de mon imprudence est dans l’urgence du péril. Écoutez maintenant de quelle manière je compte effectuer mon évasion. »

« Nous sommes au 30 avril. — Dans cinq jours on s’attend à voir l’apparition de la nonne. Lors de ma dernière visite au couvent, je me suis pourvue d’un costume propre à ce rôle. Une amie que j’y ai laissée, et à qui je n’ai pas fait scrupule de confier mon secret, m’a procuré sans hésiter un habit de religieuse. Ayez une voiture prête, et qu’elle stationne à peu de distance de la grande porte du château. Dès que l’horloge sonnera une heure, je quitterai ma chambre, dans les habits que l’on suppose être ceux du fantôme. Qui que ce soit qui me rencontre, il sera trop effrayé pour s’opposer à ma fuite : je gagnerai facilement la porte, et me mettrai sons votre protection. Ainsi le succès est certain ; mais, ô Alphonso ! si vous me trompez, si vous méprisez mon imprudence, et si vous la payez d’ingratitude, il n’y aura pas au monde d’être plus malheureux que moi ! Je sens tous les dangers auxquels je m’expose, je sens que je vous donne le droit de me traiter légèrement ; mais je compte sur votre amour, sur votre honneur ! La démarche que je suis sur le point de faire va irriter mes parents contre moi. — Si vous m’abandonnez, si vous trahissez la confiance que je mets en vous, je n’aurai pas un ami pour punir votre insulte, pour défendre ma cause. En vous seul est tout mon espoir ; et si votre cœur ne plaide pas pour moi, je suis perdue à jamais ! »

« Le ton dont elle prononça ces mots était si touchant que, malgré la joie que me causait sa promesse de me suivre, je ne pus m’empêcher d’être profondément affecté. Je me repentais aussi en secret de n’avoir pas pris la précaution de faire venir une chaise de poste dans le