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« Oui, oui, » répondit Baptiste avec joie ; voilà nos amis, pour le coup. Maintenant notre butin est assuré. En route ! garçons, en route ! menez-les à la grange ; vous savez ce qu’il y faut faire. »

« Robert se hâta d’ouvrir la porte de la cabane.

« Mais d’abord, » dit Jacques en prenant ses armes, « d’abord laissez-moi dépêcher ces dormeurs. »

« Non, non, non ! » repartit le père : » allez à la grange où l’on a besoin de vous ; j’aurai soin de ceux-ci et des femmes d’en haut. »

« Jacques obéit, et suivit son frère. Ils eurent l’air de causer quelques minutes avec les nouveaux venus ; après quoi j’entendis les voleurs mettre pied à terre, et, autant que je pus conjecturer, diriger leurs pas vers la grange.

« Voilà qui est sagement fait ! » marmotta Baptiste ; « ils sont descendus de cheval, afin de tomber à l’improviste sur les étrangers. Bien ! bien ! et maintenant à la besogne. »

« Je l’entendis s’approcher d’un petit buffet qui était situé dans une partie éloignée de la salle, et l’ouvrir. En ce moment, je me sentis remuer doucement.

« À présent ! à présent ! » murmura Marguerite.

« J’ouvris les yeux. Baptiste me tournait le dos. Il n’y avait dans la chambre que Marguerite et la dame endormie. Le scélérat avait pris un poignard dans le buffet, et il semblait en examiner le tranchant. J’avais négligé de me munir d’armes ; mais je compris que c’était ma seule chance de salut, et je résolus de ne pas perdre l’occasion. Je m’élançai de mon siège, tombai subitement sur Baptiste, et lui serrant le cou de mes deux mains, je l’empêchai de pousser un seul cri. Vous pouvez vous rappeler que j’étais connu à Salamanque pour la vigueur de mon bras, Elle me rendit ici un service essentiel,