dans toutes nos prises, ton propre intérêt est d’y mettre toute l’activité possible. Ce serait une honte de laisser échapper un tel butin. Tu dis que cet Espagnol est riche ? »
« Son domestique s’est vanté à l’auberge que les effets qui étaient dans leur chaise valaient plus de dix mille pistoles. »
« Oh ! comme je maudis l’imprudente vanité de Stéphano !
« Et on m’a dit, « continua le postillon, que cette baronne porte avec elle une cassette de bijoux d’une immense valeur. »
« Cela peut être, mais j’aimerais autant qu’elle ne fût pas venue. L’Espagnol était une proie certaine ; mes garçons et moi nous serions facilement venus à bout de lui et de son domestique, et nous aurions partagé entre nous quatre les deux mille pistoles ; à présent, il faut admettre la bande au partage, et encore toute la couvée peut nous échapper. Si nos amis sont déjà allés prendre leurs différents postes avant que tu n’arrives à la caverne, tout sera perdu ; la suite de la dame est trop nombreuse pour que nous puissions être les plus forts. À moins que nos associés n’arrivent à temps, il faudra que nous laissions partir demain ces voyageurs comme ils sont venus. »
« C’est diablement malheureux que mes camarades qui menaient le carrosse soient précisément ceux qui ne font pas partie de la troupe ! mais ne crains rien, ami Baptiste, en une heure je serai à la caverne ; il n’est encore que dix heures, et, à minuit, tu peux compter sur l’arrivée de la bande. Jusque-là, prends garde à ta femme ; tu sais quelle répugnance elle a pour notre genre de vie, et elle pourrait bien trouver moyen d’instruire de nos projets les domestiques de la dame. ».
« Oh ! je suis sûr de son silence ; elle a trop peur de moi,