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glait sur le danger de l’entreprise. En conséquence, il fut décidé qu’il se mettrait en route sans délai. La baronne écrivit une lettre à son mari ; et j’envoyai quelques lignes à mon banquier, pour le prévenir que je ne serais que le lendemain à Strasbourg. Claude prit nos lettres, et quitta la cabane.

« La dame déclara qu’elle était très fatiguée du voyage ; outre qu’elle venait déjà d’une certaine distance, les postillons avaient imaginé de s’égarer dans la forêt. Elle s’adressa donc à Marguerite, la priant de la mener à sa chambre, où elle désirait de prendre une demi-heure de repos. Une des femmes de chambre fut aussitôt appelée ; elle parut avec une lumière, et la baronne la suivit en haut. Le couvert devait se mettre dans la pièce où j’étais, et Marguerite me donna bientôt à entendre que je la gênais. L’avis était trop clair pour ne pas être aisément compris : je demandai donc à un des jeunes gens de me conduire à la chambre où je devais coucher, et où je pourrais rester jusqu’à ce que le souper fût prêt.

« Quelle chambre est-ce, mère ? » dit Robert.

« Celle qui est tendue de vert, » répondit-elle ; « je viens de prendre la peine de la préparer, et j’ai mis des draps blancs au lit ; si monsieur s’amuse à se vautrer dessus, il pourra bien le refaire à ma place. »

« Vous êtes de mauvaise humeur, mère ; mais ce n’est pas une nouveauté. Ayez la bonté de me suivre, monsieur. »

« Il ouvrit la porte, et s’élança vers un escalier étroit.

« Vous n’avez pas de lumière, » dit Marguerite ; « est-ce votre cou ou celui de monsieur que vous avez envie de rompre ? »

« Elle vint entre nous, et mit une chandelle dans la main de Robert, qui, l’ayant reçue, commença à monter