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CHAPITRE III.


Voilà les brigands que les voyageurs craignent si fort. — Plusieurs d’entre eux sont des gens bien nés que la furie d’une jeunesse indisciplinée a chassés de la société des hommes respectables.
Les deux Véronais. Shakespeare.
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Le marquis et Lorenzo se rendaient en silence à l’hôtel de Las Cisternas. Le premier était occupé à se rappeler chaque circonstance dont le récit pouvait donner à Lorenzo une idée plus favorable de sa liaison avec Agnès. Le dernier, justement alarmé pour l’honneur de sa famille, se sentait embarrassé de la présence du marquis : après l’aventure dont il venait d’être témoin, il ne pouvait pas le traiter en ami ; mais, choisi pour arbitre des intérêts d’Antonia, il comprenait que le traiter en ennemi serait impolitique. Il conclut de ces réflexions, qu’un profond silence serait le plan le plus sage, et il attendait avec impatience l’explication de don Raymond.

Ils arrivèrent enfin à l’hôtel. Le marquis le conduisit aussitôt à son appartement, et commença à exprimer sa satisfaction de le rencontrer à Madrid. Lorenzo l’interrompit.

« Excusez-moi, seigneur, » dit-il d’un air de réserve, « si je réponds avec quelque froideur aux égards que vous me témoignez. L’honneur d’une sœur est compromis dans