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LXXXVII

el partido, que dicen algunos, se le ofreció en Paris para regir un colegio real de lectura de lengua castellana por su Quixote; si ya no fuese por su abanzada edad, ó por falta de dineros para el viage[1]. »

Si l’assertion de Capmany, qui ne repose d’ailleurs que sur une vague tradition (que dicen algunos), avait le moindre fondement, ces mots du sévère critique : « un colegio real de lectura de lengua castellana por su Quixote, » feraient un peu songer au Collége royal de France. Et combien ne serait-il pas glorieux pour ce grand établissement d’avoir compté parmi ses lecteurs royaux un Rabelais et un Cervantes, expliquant eux-mêmes et commentant en maîtres et inventeurs ces livres immortels qui sont la joie et la lumière des nouvelles générations ? Mais il ne faut pas renchérir et ajouter une hypothèse invraisemblable à des conjectures fondées sur une vague tradition. Ce qui aura donné lieu à cette fable, c’est apparemment l’amusant récit que fait Cervantes dans sa dédicace de la deuxième partie de Don Quichotte au comte de Lémos, d’une prétendue ambassade de l’empereur de Chine. Mais qui ne voit que ce récit agréable n’était qu’une invention de Cervantes, exprimant à la fois par une transparente allégorie et les sentiments que lui inspirait sa position modeste, et sa reconnaissance pour le puissant seigneur qui lui avait accordé protection et secours ? La tradition dont Capmany s’est fait l’écho prouve qu’il n’y a qu’un pas de la fiction à l’histoire, et que les anecdotes accumulées dans la biographie des grands hommes préparent facilement le chemin à la légende.

  1. Teatro histórico-critico de la Eloquencia española por D. Antonio Capmany y de Montpalau. Madrid, 1786–1794, 5 vol. in-8 de l’imprimerie de Sancha, tom. IV, p. 417.