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LXXXIV

à l’âge de soixante-huit ans six mois et quatorze jours. Il fut porté en terre le visage découvert, par les frères du tiers ordre de Saint-François ; c’était l’usage de cette confrérie. Il fut inhumé, selon ses dernières volontés, dans l’église du couvent de la Trinité, où sa fille naturelle et unique, doña Isabel de Saavedra, avait depuis peu pris le voile.

De tout ce qui précède, il résulte que Cervantes est mort à Madrid ; un extrait mortuaire des registres de décès de la paroisse Saint-Sébastien est un document authentique et une preuve certaine de ce fait. Et non-seulement cette pièce démontre que Cervantes appartenait à cette paroisse ; mais on sait, à n’en pas douter, que durant son séjour à Madrid, il habita successivement, en 1609, rue de la Magdalena, ensuite derrière le collége de Notre-Dame-de-Lorette ; en 1610, rue del Leon, no 9 ; en 1614, rue de las Huertas[1] ; l’année suivante, rue du Duc-d’Albe, d’où il fut judiciairement expulsé. En 1616, il était encore rue del Leon, dans une maison située au coin de celle de Francos, no 20. C’est là qu’il mourut, ne laissant d’autre héritage que sa gloire sans tache. Aujourd’hui on ne sait pas où reposent ses cendres ; nulle inscription ne fut gravée sur sa tombe et aucun signe n’en marqua la place. En 1633, les religieuses de la Trinité s’établirent dans leur nouveau couvent, rue de Cantaranas, et l’on exhuma les restes des religieuses mortes depuis la fondation de la communauté, et ceux des fidèles enterrés dans l’an-

  1. Dans son Adjunta al Parnasso, Cervantes suppose qu’Apollon lui écrit une lettre, dont l’adresse porte :

    « A Miguel de Cervantes Saavedra, en la calle de las Huertas, frontero de las Casas donde solia vivir el principe de Marruecos, en Madrid. » — La date, 22 juillet 1614.