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LXXXIII

vrage était fini ; mais l’auteur était gravement malade, si malade qu’il ne pouvait plus sortir. Le 2 avril, un samedi, il fit chez lui profession de religieux du tiers ordre de Saint-François, dont il avait pris l’habit trois ans auparavant, à Alcala de Hénarès, le 2 juillet 1613. Quelques jours après il voulut essayer d’un autre régime, et comptant sur les bons effets du changement d’air, il se fit transporter à Esquivias, dans la famille de sa femme. Il n’y resta que fort peu de temps ; son état empirait, il voulut retourner à Madrid. Il se mit en chemin, accompagné de deux amis. Pendant la route, ils rencontrèrent un étudiant, qui leur tint compagnie. Arrivé à Madrid, Cervantes, que cette rencontre avait fort intéressé, en écrivit le récit dans le prologue du roman de Persiles qui fut publié après sa mort, par les soins de sa veuve (Madrid, 1617, in-8, chez Juan de la Cuesta). Après le prologue, il dicta la dédicace au comte de Lémos. Ces deux pièces, également précieuses, renferment des détails très-importants sur les derniers jours de Cervantes. La dédicace est du 19 avril 1616 : « De Madrid, á diez y nueve de Abril de mil y seis cientos y diez y seis años. » La veille, c’est-à-dire le 18, le malade avait reçu l’extrême-onction : « Ayer me dieron la extrema uncion, y hoy escribo esta. » Il eut encore assez de temps et l’esprit assez libre pour dicter ses dernières dispositions et désigner le lieu de sa sépulture. Il laissa pour exécuteurs testamentaires sa femme, doña Catalina de Salazar, et le licencié Francisco Nuñez, qui habitait dans la même maison où il mourut, le 23 avril,

    pression. Il était encore à Madrid en 1609 ; il s’y était fixé selon toutes les apparences. De là il faisait de fréquentes excursions à Alcala de Hénarès, sa ville natale, et à Esquivias, où était la famille de sa femme.