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LXIII

On a la preuve que Cervantes fit un cours d’humanités à Madrid, sous la direction du savant théologien et latiniste Juan Lopez de Hoyos, dans un recueil très-curieux qui fut imprimé à Madrid en 1569, sous ce titre : Historia y relacion verdadera de la enfermedad, felicisimo tránsito y suntuosas exequias fúnebres de la serenissima reyna de España doña Isabel de Valois. Juan Lopez de Hoyos, auteur en partie et éditeur de ce recueil, avait mis à contribution le talent et la veine poétique de ses meilleurs élèves pour honorer la mémoire de la jeune reine défunte. Cervantes avait payé son tribut, et ses vers valaient bien la plupart de ceux qu’on faisait alors en de telles occasions. Il y a du sentiment et une certaine élégance maniérée dans les stances, et l’élégie ne manque point de naturel ni de charme. Le maître avait dû être content de ces deux pièces, car il les insère avec éloge et dit expressément qu’elles sont de son cher et bien-aimé élève, de Miguel de Cervantes nuestro caro y amado discipulo. C’est tout ce qu’on trouve d’ailleurs dans ce recueil, du cru de notre auteur, avec un sonnet en guise d’épitaphe et deux stances. Blas de Nasarre, dans la préface qu’il mit en tête de son édition des Comédies de Cervantes (Madrid 1749), lui attribue encore une ou deux pièces de vers latins ; mais il est à peu près démontré que les vers latins du recueil sont du maître, Juan Lopez de Hoyos. Cervantes entendait assez bien les poëtes latins, mais il y a grande apparence qu’il ne fut jamais en état de versifier dans cette langue. Les stances de Cervantes, de même que son élégie adressée à S. Em. le cardinal Diego de Espinosa, favori de Philippe II et président du