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LXII

conforme de tout point à la vérité. On voit, rien que d’après cet exemple de la sagacité du savantissime bénédictin, que l’agréable et sceptique Azara s’est trop pressé de lui refuser l’esprit de discernement. — À toutes les preuves qui reposaient sur des documents authentiques et sur un calcul mathématique, le diligent biographe de Cervantes, don Vicente de los Rios, ajouta des preuves nouvelles en donnant deux extraits des registres qui se trouvaient aux archives des frères de l’ordre de la Merci pour la rédemption ou le rachat des captifs. Deux pièces concernant Cervantes étaient dans ces registres : l’une certifiant le reçu d’une somme d’argent versée entre les mains des frères rédempteurs par la famille du captif, le 31 juillet 1579, à Madrid, et l’autre certifiant le rachat de Cervantes par le P. Juan Gril, le 19 septembre 1580, à Alger. Il résulte du contenu de ces documents précieux que Miguel de Cervantes était né à Alcalá de Hénarès, que son père se nommait Rodrigo Cervantes et sa mère doña Leonor de Cortinas, qu’il était domicilié à Madrid (on sait qu’il quitta cette ville pour suivre en Italie monsignor Acquaviva), que sa taille était régulière, sa barbe touffue, que le bras et la main du côté gauche se trouvaient paralysés ; que le captif, durant une captivité de cinq années, avait eu deux maîtres, Dali-Mami, commandant de la flotte algérienne, et le vice-roi Azan. Autant de faits et de circonstances qui s’accordaient parfaitement avec les propres récits de Cervantes, l’extrait baptistère d’Alcalá, le témoignage du P. Haedo et les conjectures de Sarmiento et de Montiano. — La démonstration était complète, et don Vicente de los Rios eut la satisfaction de clore les débats.