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XLVIII

ce sont des dialogues rapides et animés, où l’on trouve du naturel, de la grâce, beaucoup de facilité, et par-dessus tout ce goût fin et délicat qui excellait à manier le ridicule.

Ces facéties rappellent les meilleures de ses nouvelles, et par des qualités analogues et par le fond même (e).

XII

Cervantes avait retrouvé dans sa retraite ses loisirs d’autrefois (mi antigua ociosidad). Il en profita pour se livrer au travail avec une ardeur juvénile, tempérée par l’expérience de l’âge mûr. En 1605, lors de la publication de Don Quichotte, il avait annoncé une seconde partie ; il renouvela sa promesse en 1613. L’année suivante parut la contrefaçon d’Avellaneda.

Cervantes, indigné de tant d’audace, se hâta d’achever la seconde partie de son chef-d’œuvre. Il sollicita la permission de la faire imprimer dès le commencement de l’année 1615 ; mais des lenteurs calculées peut-être retardèrent la publication jusqu’au mois d’octobre. Ce fut le dernier ouvrage qu’il publia, et le plus parfait de tous : le succès fut prodigieux. Dans une belle dédicace au comte de Lémos, il annonçait pour paraître prochainement, quoique sa santé chancelante fût dès lors fort compromise, les Aventures