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XXXIX

Le 8 avril 1605 naissait à Valladolid Philippe IV. Il y eut de grandes fêtes à l’occasion de son baptême, auquel assista lord Howard, ambassadeur extraordinaire d’Angleterre, arrivé à la cour le 26 mai, avec une suite nombreuse. La solennité eut lieu le 28.

Les Anglais repartirent le 17 juin, fort satisfaits de l’hospitalité espagnole et de l’accueil royal qu’ils avaient reçu. Le duc de Lerme ou le comte de Miranda, président du conseil, firent écrire une relation de ces réjouissances, afin d’en perpétuer le souvenir. Cette relation parut à Valladolid en 1605, et l’on croit que Cervantes en est l’auteur. Quoique le récit de ces folies ne fût qu’un ouvrage de commande, on y reconnaît parfois sa manière ; d’ailleurs un sonnet burlesque de Góngora ne laisse aucun doute à cet égard.

Ce malin satirique, si redouté de ses contemporains pour son esprit caustique et frondeur, raconte à sa manière, c’est-à-dire avec beaucoup d’originalité, l’arrivée de l’ambassade anglaise, et les fêtes et les réjouissances de la cour. Il calcule spirituellement les dépenses énormes qu’il fallut faire, et il ajoute avec malice que pour écrire ces événements mémorables, on s’adressa à don Quichotte, à son écuyer et à son roussin[1]. Preuve évidente que le livre de Cervan-

  1. Voici le sonnet de Góngora :

    Parió la reina : el luterano vino
    Con seiscientos hereges y heregias: