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mais sans exclure toutefois le genre et les sujets profanes. On ne peut pas dire qu’il ait travaillé pour le théâtre ; car ses pièces dramatiques et ses autos sacramentales (analogues aux anciens mystères du théâtre français) furent jouées presque toutes dans la cathédrale de Tolède, suivant une ancienne coutume dont la tradition se retrouve encore de nos jours en Espagne, dans les cérémonies de la semaine sainte et les réjouissances de Noël et de Pâques. Ces productions de Valdivieso annoncent un esprit facile, ingénieux, une imagination féconde, et un sentiment très-délicat. On cite parmi ses petits drames religieux, l’Enfant prodigue, qui jouit d’une grande popularité ; Psyché et Cupidon, sujet tout mythologique et profane, ingénieusement traité au point de vue religieux, grâce à une perpétuelle allégorie, qui est aussi le grand ressort d’une autre pièce, du genre biblique, ayant pour titre : « l’Arbre de vie. » Ce qu’il y a de singulier dans toutes ces pièces, c’est le mélange d’une foi religieuse très-profonde, et des souvenirs d’une autre civilisation, cette association du sacré et du profane qui nous montre les penchants mystiques en parfait accord avec les instincts poétiques ; l’imagination la plus fougueuse aux prises avec les dogmes de la théologie, en peu de mots, la religion positive servant de thème à l’improvisation ou a l’inspiration. On sait comment Calderon a su mettre en œuvre tous ces éléments hétérogènes. Valdivieso a fait aussi deux comédies dans le même genre : l’une en l’honneur de la Vierge, l’autre de l’ange gardien. Elles sont inférieures à ses autos. Mais ce qui recommande également autos et comédies, c’est la facilité du style, la vivacité du dialogue et l’évocation perpétuelle des vieilles traditions nationales. C’était plus qu’il n’en fallait pour plaire au public, et Valdivieso avait beaucoup de