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se distingua particulièrement à Vienne au siége de Tunis. Une affaire de famille dont il s’était mêlé contre le gré de son maître, le fit reléguer pendant quelque temps dans une île du Danube. Rentré en activité de service, Charles-Quint lui confia le commandement d’un corps d’armée, au moment d’envahir la Provence. Garcilaso, arrêté près de Fréjus par une cinquantaine de paysans qui s’étaient fortifiés dans une tour, monta le premier à l’assaut et fut frappé à la tête d’une blessure mortelle. Il mourut à Nice en 1536, à l’âge de trente-trois ans. Garcilaso excellait également dans la musique et dans la poésie, et faisait des vers latins avec une grande facilité. Tout a été dit sur le rôle de Garcilaso dans la poésie espagnole. Il lui a suffi de trois églogues, de deux élégies, d’une épître, de cinq canciones, d’une quarantaine de sonnets et de quelques menues poésies, pour mériter le titre de prince des poëtes castillans. Le style de Garcilaso, pour emprunter une comparaison homérique, est doux comme le miel, et sa versification est admirable de simplicité. Aucun poëte espagnol n’a rencontré comme lui cette perfection de la forme. Quant au génie poétique, Garcilaso est pour moi le seul des poëtes modernes qui me rappelle Virgile. Il avait un sentiment très-vif des beautés de la nature et des sites champêtres. Ses paysages sont dignes de Théocrite.


Vega Carpio (Lope de), né à Madrid le 25 novembre 1562, fut un enfant précoce. Il a dit lui-même que son génie lui avait enseigné l’art des vers dès le berceau. À douze ans, son éducation était achevée. Il entra jeune aussi dans la vie. Avant de commencer le cours des études supérieures à Alcalá, il avait fait un peu son tour d’Espagne. Au sortir de l’université, il entra au