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acquis la célébrité par un petit nombre d’excellentes productions. Mais Soto de Rojas aspirait aussi à la gloire des poëtes épiques. Il est auteur d’un poëme dans le goût mythologique ayant pour titre : « Les rayons de Phaéton (Los rayos de Faeton) ; » Barcelone, 1639, in-4. C’est la fable narrée par Ovide, gâtée par une affectation ridicule. Soto ne s’arrêta pas en si beau chemin, et il donna vers le milieu du dix-septième siècle un fragment d’un poëme descriptif sous ce titre baroque : « Le Paradis fermé à la foule ; jardins ouverts à un petit nombre, avec des fragments de l’Adonis (Parayso cerrado para muchos, jardines abiertos para pocos, con los fragmentos de Adonis) ; » Grenade 1652, in-4, Ces fragments étaient probablement des essais d’imitation du fameux poëme de Marini, le corrupteur du bon goût, en Italie. En tout cas, Soto imitait à merveille et Marini et Góngora, et dans ce poëme extravagant et insipide, qui n’est autre chose qu’une minutieuse description d’une maison de plaisance, la nature elle-même est gâtée par les inventions bizarres et les métaphores impossibles du poëte. Dans une introduction en prose de don Francisco de Trillo et Figueroa, ami de l’auteur, on voit que ce dernier, dans sa jeunesse, était allé chercher fortune à la cour, et qu’il avait pour maître et protecteur Jorge de Tobar, secrétaire et favori de Philippe III. De bonne heure il fit connaissance avec la plupart des écrivains alors en réputation. Finalement, il sut attirer l’attention du comte-duc, le tout-puissant ministre ; il fut admis à lui faire sa cour et obtint un riche bénéfice. La chute de son Mécène rendit Soto de Rojas à la vie privée. Il se retira dans sa ville natale pour y jouir de sa prébende, et profita de ses loisirs pour composer ces poëmes étranges qui lui ont valu un rang distin-