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son acte de baptême ne s’est point retrouvé ; on n’a pu découvrir que ceux de ses frères et sœurs. Comme il prend au frontispice de ses ouvrages le titre de Criado del Rey, il est probable qu’il avait quelque emploi à la cour ou dans l’administration. Il était fort estimé des littérateurs de son temps et jouissait de la faveur du public, qu’il méritait d’ailleurs par l’inépuisable fécondité de son esprit inventif. « Varon insigne de nuestra patria, dit Juan Perez de Montalvan, por lo mucho que en calidad y cantidad tiene escrito. » Il est bien vrai que la qualité de ses productions serait peut-être meilleure si le nombre n’en était pas aussi considérable ; mais il faut reconnaître que la plupart de ses écrits se recommandent par la facilité de l’invention et du style. Il excellait particulièrement dans la nouvelle ; il a laissé en ce genre des œuvres qui seraient plus parfaites si on n’y trouvait à presque toutes les pages des vers de toute mesure et des échantillons de toutes sortes de poésie. La manie de rimer à propos de rien était alors endémique en Espagne ; et Cervantes lui-même en fut atteint. À côté du conte populaire, Barbadillo cultivait la nouvelle sentimentale et philosophique, et travaillait dans le goût picaresque. Pour se faire une idée de ses actions romanesques, il faudrait se représenter un écrivain qui réunirait non pas toutes, mais quelques-unes des qualités d’esprit de Scarron, de Le Sage et de l’abbé Prévost.

Salas Barbadillo a fait aussi de bonnes comédies, en imitant les premiers maîtres du théâtre espagnol, et notamment Lope de Vega, et une quantité prodigieuse de poésies courtes et légères parmi lesquelles on distingue ses sonnets et ses épigrammes. Voici la liste à peu près complète de ses écrits :