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vie et à Malaga. Il mourut dans cette dernière ville, et fut enterré en grande pompe entre le chœur et le maître-autel de la cathédrale. Cervantes et Antonio Perez parlent avec enthousiasme de son prodigieux talent comme acteur. Il jouait souvent dans les fêtes et cérémonies religieuses. D’après Colménarès, il donna une représentation à Ségovie, en 1558, pour l’inauguration de la nouvelle cathédrale. Jamais auteur comique, si l’on excepte peut-être Lope de Vega, ne jouit de son vivant d’une popularité comparable à celle de Lope de Rueda. On a de lui quatre comédies, une douzaine de dialogues en prose et deux dialogues en vers. Moratin a donné de nombreux échantillons du répertoire de Lope de Rueda dans son excellent essai sur les origines du théâtre espagnol. Ce comique de génie avait une grande verve de gaieté et parlait avec une rare distinction la langue naïve et imagée du peuple. Lope de Rueda eut pour éditeur son ami Juan de Timoneda. Cervantes a parlé avec feu de Lope de Rueda dans la préface de ses comédies.

S

Salas Barbadillo (Alonso Jerónimo de), né à Madrid vers 1580, était fils d’un employé dans l’administration des affaires d’outre-mer, ou comme on dirait aujourd’hui, du ministère de la marine et des colonies. Son père figura dans l’enquête à laquelle il fut procédé en 1593, à l’occasion du procès que l’Espagne poursuivait en cour de Rome pour la canonisation de saint Isidore, patron de Madrid. On sait dans quel quartier se trouvait la maison où naquit Salas Barbadillo ; on sait dans quelle paroisse il fut baptisé, mais