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réussirent à le dénigrer dans l’esprit du roi et de son ministre. On avait fait de Rioja un criminel d’État. Son innocence ayant été reconnue, il fut rendu à la liberté et alla s’enfermer à Séville dans une délicieuse retraite. Il revint à Madrid, avec une mission du chapitre dont il était membre ; et il mourut le 8 août 1659. Rioja était doué d’une haute raison et d’une âme éminemment poétique. Il a écrit sur la politique, à propos de la révolte des Catalans, sur la théologie et sur la prédication. Ses poésies sont en fort petit nombre, mais exquises. Rioja cultivait de préférence l’élégie, et il faisait ce qu’on appelle maintenant des méditations poétiques et religieuses. Quiconque sait l’espagnol, a lu la fameuse ode aux ruines d’Italica, que l’on a attribuée au célèbre archéologue Sévillan, Rodrigo Caro. Ses épitres, un peu froides, sont de véritables traités de morale pratique très-élevée. Rioja est souvent cité à côté de Herrera, et il est dans son genre moins sublime et un peu plus humain, presque aussi parfait que ce grand poëte lyrique.


Rodriguez (Pedro) ; né à Grenade, d’après Cervantes. Les bibliographes ne font point mention de ce poëte. Barbosa, dans sa « Bibliotheca Lusitana, » cite trois auteurs de ce nom. Auteur d’une ode à saint Jacques, dans le recueil d’Espinosa.


Rueda (Lope de), né à Séville, était batteur d’or de son métier, batihoja. Il se fit connaître comme auteur et acteur dramatique. Il fut, à vrai dire, le créateur du théâtre en Espagne. Il parcourait les grandes villes à la tête d’une troupe de comédiens, qui jouaient les petites pièces de sa composition. Il se fit une grande réputation à Séville, à Cordoue, à Valence, à Ségo-