Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/410

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 224 —

flatteuse pour cet homme rare dont il admirait fort le génie extraordinaire et la vaste capacité. Quevedo était universel ; il a touché à tout. Ce n’est point à Voltaire qu’il faut le comparer, mais à Diderot. Il avait, comme ce dernier, une faculté prodigieuse d’improvisation, une verve intarissable, une grande vivacité de conception. Jamais il n’est vulgaire ; mais son goût n’était point assez sévère, et son imagination l’emportait souvent au delà des limites de la raison. Pour connaître à fond Quevedo, il faut tout lire dans ses volumineux écrits ; et il faut, pour l’admirer, ne le lire que par extraits. On peut faire dans ses œuvres un excellent choix de morceaux remarquables ; mais il n’a fait pour ainsi dire rien d’achevé. Quevedo avait deux grands travers : une manie d’érudition incurable, qui l’entraîne souvent au pédantisme, et un goût déplorable pour les jeux de mots. Dans ses meilleurs écrits on aperçoit le savant qui ne sait point contenir son savoir, et l’homme d’esprit qui abuse de ses meilleures qualités. Ce qu’il y a de certain c’est que Quevedo est sans rival dans la satire virulente à la manière de Juvénal. La meilleure édition de ses œuvres est celle que vient de publier M. Guerra y Orbe, dans la grande collection de Rivadeneyra.

R

Ramirez de Prado (Lorenzo), fils d’un conseiller de Castille, le licencié Ramirez de Prado, qui avait soutenu avec une rare habileté les droits de Philippe II sur la couronne de Portugal, et de doña Maria Ovando Velazquez. Il naquit à Zafra où résidaient ses parents ; mais il les accompagna tout enfant à Madrid. C’est à tort qu’on