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pour le royaume de Sicile (1615). Le roi, reconnaissant son mérite et ses services, lui accorda une pension viagère. Quevedo déploya une grande habileté dans plusieurs autres missions diplomatiques que lui confia le duc d’Osuna, devenu vice-roi de Naples. Le roi récompensa ses nouveaux services en lui conférant l’ordre militaire de Saint-Jacques. En 1620, la fortune changea de visage. Son protecteur étant tombé, Quevedo fut relégué dans une propriété, « la Torre de Juan Abad, » où il était traité fort durement. Alors commença pour lui une ère de persécutions qui font de sa vie un véritable roman d’aventures. Menacé de nouveau de la faveur royale, Quevedo refusa tous les emplois, les ministères et les ambassades, et il se livra tout entier à l’étude de la philosophie, à la pratique des bonnes œuvres et aux exercices de dévotion. En 1634, à l’âge de cinquante-quatre ans, il se maria, perdit bientôt après sa femme et se plongea de nouveau dans sa retraite studieuse ; mais la haine de ses ennemis alla l’y chercher. Accusé d’avoir écrit des pamphlets politiques, il fut arrêté en décembre 1641 et enfermé au couvent de Saint-Marc-de-Léon. Traité avec la dernière rigueur et comme un prisonnier d’État, Quevedo se voyait réduit à la dernière misère ; il vivait littéralement d’aumônes. Il eut la force d’écrire au comte d’Olivarès et de protester énergiquement de son innocence. Son innocence fut en effet reconnue, l’auteur véritable de l’écrit incriminé ayant été découvert. Mais Quevedo avait trop souffert durant sa réclusion : il était frappé à mort. Il ne fit que reparaître à la cour ; et à la suite d’une longue maladie, il mourut en 1645, le 8 de septembre. Quevedo était boiteux de naissance ; ses deux pieds étaient difformes. Cervantes fait allusion à cette infirmité de la manière la plus