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chants, fut publié en 1596 et n’eut point de succès. Réimprimé une fois seulement, l’auteur le laissa inachevé et tint compte de la leçon que lui avait donnée le public et qu’il méritait bien. La composition froide et extravagante de Oña ne se recommande que par l’exactitude des descriptions et par la vérité du récit des faits accomplis. Par ce côté seulement elle se rapproche de l’Araucane d’Ercilla. Il y a une pièce de Lope de Vega qui porte exactement le même titre et qui semble avoir été inspirée à ce vaniteux et fécond dramaturge par l’envie d’humilier Ercilla. Lope de Vega, poëte courtisan, paya aussi son tribut à la dynastie des Mendoza ; et il fut suivi plus tard par deux autres auteurs dramatiques, Gaspar de Avila et Gonzalez de Bustos. Comme Pedro de Oña était né en Amérique, c’est bien de lui, ce me semble, qu’il est question dans ce passage du Voyage où il est désigné et non pas nommé :

Desde el indio apartado del remoto
Mundo llegó mi amigo Montesdoca,
Y el que anudó de Arauco el nudo roto.

Si j’entends bien ce tercet, le continuateur d’Ercilla arrivait du Nouveau-Monde en même temps que Montesdoca, l’ami de Cervantes. Il s’agit donc de Pedro de Oña et non pas d’un autre continuateur d’Ercilla, qui se nommait Diego de Santisteban y Osorio. Ce poëte était de Léon et avait une véritable vocation pour le poëme épique. Il a chanté en vers héroïques la prise de Rhodes par les chevaliers de Malte. Ce poëme est de l’année 1598, postérieur par conséquent à sa continuation de l’Araucana, qui fut publiée en 1579. Elle est en deux parties et en trente-trois chants. Beaucoup plus estimée que le poëme de Pedro de Oña, elle a été plusieurs fois réimprimée, et magnifiquement en 1733, en