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amours du berger Frexano et de la belle bergère Fortune », los honestos y apacibles amores del pastor Frexano y de la hermosa pastora Fortuna. L’auteur en personne figurait dans ce roman, qui est un mélange de prose et de vers, sous le nom de Frexano, équivalent de son propre nom. Lofraso, dans le dialecte sarde, signifie frêne. L’ouvrage, dédié au comte de Quirra se termine par une pièce de vers en tercets, intitulée : « Testament de l’Amour, » Testamento de Amor. En mettant à la suite les unes des autres les initiales des 168 vers qui font ensemble les 56 tercets, on trouve cette phrase : « Antony de Lofraso sart de Lalguer me feyct estant en Barselona en l’any myl y sinco sents setanta y dos per dar fy al present lybre de fortuna de Amor compost per servysy de l’ylustre y my senor conte de Quirra », c’est-à-dire : « C’est l’ouvrage d’Antony de Lofraso, né à Larguer en Sardaigne, résidant à Barcelone, en 1572, pour terminer le présent livre de la fortune d’Amour, écrit en l’honneur de l’illustre comte de Quirra, mon maître. » Cette attestation puérile peut donner une idée du talent et du goût de Lofraso. Cervantes, dans l’examen des livres de la bibliothèque de don Quichotte n’a pas manqué de louer ironiquement l’insipide roman du poëte sarde. « Por las órdenes que recebi, dijo el Cura, que desde que Apolo fué Apolo y las musas musas, y los poetas poetas, tan gracioso ni tan disparatado libro como ese no se ha compuesto, y que por su camino es el mejor y el mas único de cuantos deste género han salido á la luz del mundo, y el que no le ha leido, puede hacer cuenta que no ha leido jamás cosa de gusto. Dádmele acá, compadre, que précio mas haberle hallado que si me dieran una sotana de raja de Florencia. » En effet, ce livre, unique en son genre, est amusant à force d’être