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corrompu le style de la poésie religieuse. Il peut être regardé comme le chef ou du moins comme le représentant le plus autorisé de la détestable école des « Conceptistas, » poëtes raffinés qui recherchaient les métaphores et le langage allégorique et figuré. Il publia en 1600, sous le titre de « Conceptos espirituales, » un volume de vers qui fut six fois réimprimé de son vivant. Ce recueil est en trois parties, qui parurent successivement en 1600, 1606 et 1616. Ces vers « á lo divino » sont un pur galimatias. Ledesma faisait, comme on dit aujourd’hui, « du divin » à sa manière, c’est-à-dire du galimatias pur. Son chef-d’œuvre « El Monstruo imaginado, » Madrid, 1615, in-8, est un défi aux commentateurs les plus pénétrants. Ledesma avec son jargon et ses prétentions au mysticisme était fort libre dans ses propos, et il lâchait volontiers la bride à son imagination dans des sujets d’une moralité équivoque. Aussi l’inquisition mit-elle à l’index quelques-unes de ses pièces de vers. Ledesma avait pourtant un vrai talent de poëte ; mais son goût était perverti. Il eut de nombreux partisans parmi les prédicateurs et les écrivains mystiques. On a encore de lui : « Epigramas y geroglificos á la vida de Christo, festividades de Na Sa, excelencias de los Santos y grandezas de Segovia, » Madrid, 1625, in-12. La 3e partie de ses « Conceptos espirituales, » celle-là même qui a été prohibée porte ce titre : « Juegos de Noche buena moralizados á la vida de Christo, martyrios de Santos, y reformacion de costumbres, con unos enigmas hechos para honesta recreacion, » Barcelone, 1611, in-8. Elle est très-rare. « Epitome de la vida de Cristo, » Ségovie, 1619. C’est une vie de Jésus en discours métaphoriques, autrement dit en énigmes indéchiffrables.