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fut à Madrid, après son retour d’Italie, que Juan de Jaúregui eut occasion de lier ou de renouer connaissance avec Cervantes, car il avait pu le connaître pendant son séjour à Séville. Ce portrait s’est perdu ; mais on peut croire, d’après la description si précise de Cervantes que le portrait que l’on conserve encore aujourd’hui à Madrid, dans les collections de l’académie espagnole, est une copie de celui de Jaúregui. Il est vrai qu’on ne peut que faire des conjectures à ce sujet, car on suppose, non sans vraisemblance, que le peintre Pacheco avait fait aussi le portrait de Cervantes. En 1618, Jaúregui publiait à Séville une nouvelle édition de sa traduction de l’Aminte, différente en tout de la première. Sedano, qui a eu les deux éditions sous les yeux, en a donné une bonne description dans la notice qui est à la fin du tome Ier de son Parnasse espagnol (p. xxiii). Notre poëte ne tarda pas à reparaître à la cour. Il était positivement à Madrid en 1624, pour la publication de son Orphée, poëme en cinq chants sur ce héros de l’antique mythologie. Malgré ses défauts, l’Orfeo de Jaúregui eut un grand succès. Montalvan, disciple dévoué de Lope de Vega, traita le même sujet, par une rivalité puérile, et réussit également. Jaúregui mourut à Madrid en 1640, au moment où il mettait la dernière main à une paraphrase ou traduction libre de la Pharsale. Cet artiste, doublé d’un poëte, était d’un caractère très-vif, et prenait aisément feu dans les disputes littéraires. Il eut des démêlés avec Quevedo, et notamment avec Góngora, dont il se déclara l’adversaire. Mais lui-même n’était point exempt de gongorisme, et son imitation de la Pharsale est en tout digne de l’école de Góngora. Ses poésies lyriques sont très-remarquables et valent infiniment mieux que ses sonnets. Disciple des