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les villes en un mot où l’avaient conduit ses obligations de soldat ou ses goûts littéraires. Francisco de Figueroa était en Italie le Mécène des Espagnols qui cultivaient les lettres et la poésie. Ce fut à Sienne particulièrement qu’il se distingua, et qu’il se fit aimer à la fois et admirer par la douceur de son commerce autant que par les agréments ce sa personne. Homme d’étude et bon courtisan, il sut concilier deux choses assez incompatibles, les préoccupations de la fortune et le culte des lettres. Son service terminé, il retourna en Espagne et alla s’établir à Alcalá, sa ville natale. Il s’y maria et vécut dans le repos jusqu’en 1579. qu’il se décida à suivre en Flandre don Carlos d’Aragon, premier duc de Terranova. Cette absence ne dura pas longtemps. Rendu à la vie domestique, il se livra aux occupations qui étaient dans ses goûts. Figueroa, autant qu’il est permis de le juger à distance, devait être d’une rare modestie. Il fut de son vivant beaucoup plus célèbre en Italie qu’en Espagne, et jamais il ne se pressa de donner au public le fruit de ses veilles poétiques. Son recueil de poésies ne fut imprimé qu’après sa mort, en 1626, par les soins de l’érudit Luis Tribaldos, de Tolède, historiographe de Portugal, à Lisbonne. On sait néanmoins que ce recueil était prêt pour l’impression dès l’année 1572 ; de sorte que Figueroa appartient réellement à la littérature du seizième siècle. Aussi Cervantes ne craint-il pas de le proposer comme un modèle sans pareil aux poëtes désireux de la vraie gloire. Il le met sur la même ligne que Garcilaso de la Vega, Francisco de Aldana et Fernando de Herrera. C’est un grand honneur assurément. Mais Sedano « Parnaso español » (tom. IV, p. XXI, notice sur Francisco de Figueroa) n’est pas satisfait d’une distinction si flatteuse pour notre poëte, et il